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jeudi 14 avril 2016

Le château d'Ancy-le-Franc revisité

par Didier Coilhac

       Le château d'Ancy-le-Franc est un superbe monument carré, à la symétrie parfaite. Les murs extérieurs rayonnent de la blancheur de la pierre, tandis que l'intérieur est enluminé de tableaux colorés. L'architecte en fut Sebastiano Serlio, un théoricien de l'architecture italienne ; François 1er l’appela à venir travailler en France. Les travaux s’étalèrent de 1542 à 1550... dans la foulée de la création du château de Chambord.

Ce dernier est l
'œuvre architecturale majeure de la première moitié du XVIème siècle. Nous avons vu, dans « Le Secret de François 1er » comment ce château est porteur d’un code secret très précis. Nous allons relever, dans la présente page, comment le château d’Ancy indique secrètement Chambord.


Ce ne sont pas les gros lézards qui nous accueillent, perchés sur les toits, qui vont nous contredire. Cet animal apparaissait dans les armoiries de Louvois, ministre de Louis XIV, qui avait racheté le château (bien après sa construction). Rien ne ressemble plus à un lézard qu’une salamandre, animal emblématique de Chambord ! 


La construction du château d’Ancy-le-Franc a été décidée par Antoine III de Clermont, haut personnage de la noblesse. Lorsque François Ier fut prisonnier à Madrid, après la bataille de Pavie, c'est Antoine de Clermont qui fut choisi pour être ambassadeur; il négocia les conditions de paix et la libération du roi. La construction de son magnifique château d'Ancy-le-Franc fut la grande affaire de sa vie. Le roi Henri II favorisa sa promotion sociale puisqu'il fit d'Antoine un Gentilhomme de la Chambre du Roi et le nomma  Comte. Son petit-fils Charles-Henri de Clermont-Tonnerre est le second personnage important dans l'édification du château.
       


Suivant la mode italienne, Ancy-le-Franc est le premier château français totalement symétrique, avec sa forme carrée aux 4 ailes identiques. 
Allons faire un tour dans la cour intérieure, carrée elle aussi. Après les restaurations et le nettoyage d’il y a quelques années, la cour resplendit de sa pierre blanche; c’est un petit bijou d’architecture! Pour l’historienne Sabine Frommel, Ancy dispose de la plus belle cour d’honneur bâti pendant le règne de François Ier.
 


Commençons par jeter un œil sur le monogramme d’un des constructeurs du château, Charles-Henri de Clermont-Tonnerre. Les nobles créaient des assemblages avec les initiales de leurs noms, en nommant ces logos leurs « chiffres » ; c’est étrange puisque ce qui est « chiffré » est codé ! Voici le chiffre de Monsieur le baron d’Ancy-le-Franc, qui présente les lettres CHCT enchevêtrées les unes dans les autres. Notons que C et H sont aussi les initiales de Henri II (le successeur de François Ier) et  Catherine de Médicis (la reine). Il était de coutume que les grands du royaume associent leurs monogrammes et emblèmes à ceux du roi.
Ce carré, divisé en 4 quartiers identiques, paraphé d’un C à l’endroit, et d’un autre à l’envers, nous semble évocateur du château de Chambord. Comment Charles-Henri, qui avait accédé aux charges les plus éminentes du pays, (dont celle de Connétable), aurait-il pu ne pas s’en rendre compte ?

  La cour d’Ancy-le-Franc est un carré de 80 pieds de côté. Cela donne une surface de 6400 pieds. Ces nombres font un étonnant clin d’œil au château de Chambord, notamment à son cryptogramme en 8 et à ses cordelières nouées en 8. Le mot CHAMBORD, quant à lui, se convertit aisément en 64 (par la somme de ses lettres).

       Nous allons maintenant poser un quadrillage sur la cour. On observe que les murs sont rythmés par des travées verticales régulières. Les fenêtres, lucarnes, portes et niches sont réparties selon un ordre implacable et répétitif.       

Chacune des quatre façades exprime un découpage sous-jacent  en 9 travées.

      





Les façades extérieures renvoient un ordonnancement comparable, avec 9 fenêtres entre les pavillons d’angle.
  
 
Ce nombre 9 se retrouve aux plafonds des salles du château. Ci-dessous, voici le schéma des plafonds du 1er étage. Il y a 6 salles de forme carrée ; elles comportent des plafonds à 9 caissons. Observons bien les emplacements de ces pièces : elles marquent trois angles du château. L’angle ouest (en bas à gauche) est une exception : il n’a pas les deux pièces carrées des trois
autres coins ! Se pourrait-il que cette anomalie de structure (si l’on s’en tient à la logique) ait une signification spéciale ? Dans notre approche particulière, nous traquons les bizarreries architecturales, parce qu’elles pourraient être porteuses de messages secrets. L’architecte Serlio pourrait, par exemple, attirer notre attention sur l’angle ouest du plan, le démarquer des autres, pour la raison que c’est dans cette direction que se trouve le château de Chambord.   


       Traçons, sur la cour du château, une grille de 9x9 cases, qui est donc suggérée par l’architecture des façades. On obtient une grille de 81 cases.


             À Chambord aussi, il existe un grand carré posé sur le plan, de 25 cases. Ces deux nombres sont bien assortis : 81/25=2x1,62, donc 2 fois le nombre d’or ! Cette égalité nous encourage à continuer l’étude, afin de voir où veulent nous mener les concepteurs...

Les bâtisseurs d’Ancy-le-Franc ont utilisé un catalyseur (une date) pour renforcer le rattachement avec la grille Chambord. Une lucarne de la cour portait l’inscription « 1546 », pour dater un certain stade des travaux.  Si on divise les 25 cases de Chambord par

1546, on obtient 0,01617, soit le (quasi) nombre d’or divisé par 100!

La conception prend en compte les chiffres et les lettres pour faire apparaître des raccords cachés.

L’architecte Jacques Androuet du Cerceau nous est connu par son fameux livre « Les plus excellents bastiments de France » dans lequel il dessine et décrit les principaux châteaux du XVIe siècle. Il inclut Ancy-le-Franc avec cette orthographe : ANSSI-LE-FRANC. La somme de ces lettres donne 121. La somme pour l’orthographe définitive  ANCY-LE-FRANC donne 102. Ces deux nombres sont rattachés au nombre de cases de la cour : 102x81=1/121 (sans compter la virgule). Nous pensons qu’une telle égalité a pu être voulue par l’architecte du château, dans le but de certifier l’importance de la grille.

Dans l’étape qui suit, nous distribuons les lettres de l’alphabet sur les cases, une lettre par case, donc plusieurs fois l’alphabet jusqu’à occupation totale de la grille.
Nous avons une bonne raison de nous intéresser aux couples CD ; nous expliquerons pourquoi bientôt. On est surpris par ces deux lettres, puisqu’elles se répondent deux à deux, en symétrie centrale. On pourrait penser que le carré de 81 cases génère à profusion des résultats équivalents, avec n’importe quel couple de lettres… c’est faux. Nous avons essayé avec d’autres lettres, mais aucune symétrie n’apparaît. C et D peuvent être considérés comme symboliques de l’harmonie cachée de la grille. Ces deux lettres, ainsi que leurs équivalents chiffrés, 3 et 4, ressortent d’une observation du château de Chambord. Voyons cela.

-Le mot CHAMBORD commence par un C et finit par un D.

-Le plan de ce château est circonscrit par un rectangle de 117m x 156 m, soit 3x4.

-Ce monument comporte certaines asymétries, dont l’une est visible sur la façade principale. Concernant les arches décoratives, on en voit 3 à gauche et 4 à droite.

-La terrasse a été posée à 24 m de hauteur ; la tour-lanterne, posée sur la terrasse, mesure 32 m. Ces deux dimensions, qui définissent la verticalité du château, donne la proportion 3/4. En effet :24/32=3/4.

Par conséquent, les lettres C et D, particulièrement harmonieuses dans la cour du palais d’Ancy, semblent faire du pied au château de Chambord. Le but de l’architecte aurait été de joindre ésotériquement les 2 châteaux, comme nous croyons que cela se faisait couramment. 

Revenons à la grille posée sur la cour d’Ancy-le-Franc. Chaque lettre peut se déterminer en utilisant les coordonnées de l’abscisse et de l’ordonnée. Pour C et D, on obtient : 13+14+…= 440, nombre  correspondant au nombre de pièces du château de Chambord. Le donjon mesure 44 mètres de côté, etc… Voir « Le château de Chambord et la grande Pyramide ».

En symétrie axiale, deux couples ressortent : deux C et deux D. L’axe de symétrie est celui qui indique la direction (approximative) de Chambord ! Toutes ces considérations mènent au constat que Serlio a mis son bâtiment en relation secrète avec Chambord. Ces indices prennent place dans la perspective d’une ancienne architecture, où les grandes constructions comportent un codage. Sous les aspects pratique et esthétique, la royauté a déposé des jeux de piste, qui mènent au dévoilement de certains mystères.  

Présentons deux objets, qui vont ensuite interagir avec la cour. Il s’agit de deux boiseries, qui se trouvent dans un petit couloir de 2
mètres de longueur environ. Ces boiseries reprennent la forme du donjon de Chambord ! L'allusion est saisissante, et l’on se dit que ça ne peut pas être le fruit du hasard.

« Où est-il, ce couloir ? » semble une bonne première question. Il longe l’extrémité sud de la galerie de Pharsale.


Ce couloir présente un petit aménagement sur la droite… une niche. Une niche ?

Dans la cour, il existe une niche un peu étonnante. Bien façonnée, elle doit sans doute avoir été préméditée sur le plan, et réalisée dès la construction du château. Elle remplace l’habituelle plaque d’ardoise, comme si quelqu’un avait enlevé cette porte pour révéler le compartiment caché derrière…À moins que toutes furent « ouvertes » au début et obturées ensuite, à l’exception de celle-ci ?

De toutes façons, il y a le sous-entendu d’un secret, d’un objet caché. Notons que la galerie des Sacrifices (dont on reparlera) contient 2 meubles Renaissance à compartiments secrets.

Par rapport au quadrillage de la cour, cette niche borde la 80e case de la grille !

Cette anomalie est devant le petit couloir aux boiseries « Chambord » !




Voici la portion de mur de la galerie de Pharsale, attenante au couloir que nous évoquions. Y a-t-il quelque chose qui pourrait se référer à Chambord, dans cette partie de la galerie ?

Au premier plan, ce personnage, le dos au sol, est sur le point d’être décapité par le combattant qui a posé son pied sur lui. Cette surface recèle un repentir ; quelqu’un a effacé le bras droit de l’homme à terre ! Il a fait de celui-ci un MANCHOT, ne laissant que l’extrémité d’une main au bout d’un bras… qui n’existe pas. Était-il un initié qui voulait attirer notre attention ? Mais quel pourrait être le message ? Les lettres de MANCHOT se retrouvent entièrement dans CHAMBORD, et ses variantes CHANBOURG, CHAMBOURT.  

Dans le même ordre d’idées, si on attire notre attention sur le BRAS (manquant), c’est peut-être pour suggérer l’ancien verbe BRASER, ancienne forme de « embraser ». Ce serait encore le château de Chambord qui serait visé, avec ses centaines de salamandres, emblématiques du feu.

Rendons-nous de l’autre côté de la cour, dans la galerie des Sacrifices. Qui y a-t-il sur la partie qui se trouve entre les 2 boiseries ? On amène un cochon sur le lieu du sacrifice, au son du cor. Ah tiens, les CORS esquissent des grandes lettres C, alors que le mot COR commence par un C, tout comme le nom d’un certain château… Le mot COCHON contient 2 C ; cela tombe bien.

La chambre de Judith

À l'opposé de la chapelle, dans l’angle symétrique, se trouve la chambre de la comtesse de Clermont, Françoise de Poitiers. Elle disparut prématurément en 1552, avant que la décoration de cette pièce soit totalement achevée. Elle était la sœur de Diane, elle-même la favorite du roi Henri II. Les murs sont tapissés de 9 tableaux réalisés par un élève du Primatice, Cornellis Von Harlem. Ils racontent l’histoire biblique de Judith et Holopherne. Judith est une belle femme qui n’hésitera pas à user de ses charmes pour tuer perfidement le tyran Holopherne !

Voici Judith à genoux devant le roi Holopherne. Elle vient s’offrir à lui, afin de l’enivrer, et de lui trancher la tête ! Bonne ambiance. Le peintre est un petit malin car le visage du roi n’est pas sans ressemblance avec celui de François Ier.



Cet autre tableau montre Judith et son hôte royal ; là encore, Holopherne ressemble à François Ier ! Le tyran va être la victime de son appétit charnel ; il ne résistera pas à la séduction déployée par Judith, ce qui causera sa perte. Et, c’est vrai, François Ier céda tout au long de son règne au même défaut. Il aurait écrit sur une vitre du château de Chambord : « Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie ».


Cette allégorie picturale a-t-elle un rapport avec notre décodage ésotérique ? Quant à la position des 2 tableaux que nous venons de mentionner, ils sont de chaque côté de l’angle qui réceptionne la diagonale est-ouest, comme pour indiquer le rapport qu’ils ont avec elle. 

La chapelle

C’est justement dans l’angle ouest du château que se trouve la chapelle. Osons décomposer ce dernier mot en CH-APELLE, comme une invitation cabalistique à appeler les deux premières lettres du mot CH-AMBORD. Effectivement Chambord , Chenonceau et Cheverny sont des noms commençant par CH... On les appelle, ils répondent présents dans la bonne direction! Mais restons sur Chambord dans cet article.

On nous dit que le mur sud-est représente les pères du désert, ces mystiques du début du christianisme qui sont allés vivre l’érémitisme en Égypte. C’est d’ailleurs confirmé par les inscriptions en latin qui prennent place sous le tableau. On voit un plan d’eau avec une barque, ce qui ne correspond pas vraiment au contexte égyptien. Identiquement, la robe de bure n’est pas le vêtement idéal pour une excursion au Sahara !

Rien ne nous empêche de proposer une interprétation alternative. Les personnages portent un habit monastique qui pourrait les identifier comme étant des Fransciscains. C’est Saint François d’Assise qui a fondé cet ordre.

Ci-dessus, le personnage debout aux mains jointes pourrait être Saint François. Il semble en adoration devant un ange, comme en rappel de la vision dont le saint bénéficia, deux ans avant sa mort. Un séraphin crucifié lui serait apparu et lui aurait donné les stigmates du Christ. Ici, l’ange suggère la crucifixion en écartant les bras.

Pourquoi saint François serait-il caché dans la chapelle d’Antoine de Clermont? Sa femme se prénommait Françoise, d’accord…mais nous sommes ici dans l’angle ouest du château, celui de la direction des châteaux de la Loire, en particulier Chambord. Le créateur de ce palais se prénommait lui aussi François, 1er du nom.


 Saint François d’Assise est tout simplement présent dans la pièce sous la forme du tableau ci-dessus. C’est la fameuse vision du séraphin sous la forme d’un homme crucifié, qui est exprimée ici,


avec ses 6 ailes de feu. Un SERAPHIN est étymologiquement un SARAPH hébraïque, un « brûlant »… comme la salamandre.

Il est amusant de constater que 2 petits panneaux ont quitté la chapelle pour être installés dans la chambre de Judith, comme pour mieux marque notre diagonale. (Il s’agit de représentations de Sainte Claire d’Assise et de Saint Antoine l’Ermite).

L’oratoire
 
Ci –dessus, une photo de la décoration murale de la petite pièce de prière, qui se trouve en quelque sorte dans le mur de la chambre de Judith, pratiquement en symétrie avec le saint François de la chapelle.

Le mur est tapissé d’un logo constitué de deux lettres C  entremêlées. Les flammes et la cordelière nous confirment le rattachement avec Chambord, une fois de plus. Les moines franciscains étaient appelés les Cordeliers, à cause de la corde nouée de plusieurs nœuds qu’ils utilisaient comme ceinture. Si l’on trouve massivement cette cordelière à Chambord, c’est certainement en allusion à ces Franciscains, puisque Saint François était le patron du roi.


Conclusion
Nous avons présenté des indices qui indiquent la relation Ancy/Chambord. Cette connexion aurait été mise en place pour renforcer la propre mise en place architecturale du roi.

Dans quel but ? La transmission d’une certaine connaissance abstraite, mais aussi la transmission de certains objets cachés.

Nous ne pouvons mieux terminer cet article que par ce tableau de la galerie des Sacrifices. On y voit une scène copiée sur l’Arc de Titus, à Rome. Des hommes portent le trésor du Temple, volé à Jérusalem ; ils passent une porte, pour montrer qu’ils vont déposer les objets précieux… quelque part. Parmi ces reliques se trouvent probablement (ou peut-être) la mythique arche d’Alliance. N’était-elle pas une fabuleuse machine qui produisait du courant électrique ?   

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